Champagne !
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Un peu d'histoire 
Vignobles et cépages
De la vigne à la bouteille
Chez Autréau-Lasnot
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Petite histoire du vin de Champagne

La région de Champagne produisait sans doute déjà du vin lorsque les légions de Jules César l’occupèrent et s’y installèrent. Mais la tradition fait remonter son histoire à l’an 496, année du baptême de Clovis par Saint-Rémi, évêque de Reims, qui aurait miraculeusement fait jaillir du vin d’un tonneau vide. Pendant le haut Moyen-Age, on assista à une floraison de monastères et d’abbayes, dont les moines développèrent l’art de faire le vin, lequel coulait à flots aux festins qui accompagnaient les cérémonies des sacres à Reims.

Après l’an mil, la culture de la vigne s’étendit et au cours du 12e siècle le commerce du vin de Champagne commença à prendre de l’importance. Il devint rapidement le favori des souverains et de leurs cours, des aristocrates, des bourgeois fortunés, à travers toute l’Europe.

En ce temps là, les vins de Champagne étaient tranquilles, on n’avait pas encore pensé à développer leur effervescence. Mais ils étaient déjà « clairs, légers, frais et frémissants », ce qui faisait leur succès. Il suffisait de développer ces qualités, ce que réussirent quelques hommes de terroir avec leur nez, leur goût, leur sens de l’observation et leur patience.
Parmi eux, Dom Pérignon (1639-1715), bénédictin de la congrégation de Sainte-Varme, chef de cellier de l’Abbaye d’Hautvillers, est généralement crédité de la mise au point de techniques décisives : le contrôle de la mousse, l'usage du bouchon de liège, l'assemblage.
Mais on prête volontiers au riches, et il est probable que le principe de la transformation du vin tranquille en vin effervescent nous vient d’Angleterre, où il existait une ancienne tradition d’addition d’épices, de sucres et de mélasse afin d’obtenir une seconde fermentation, peut-être grâce à Charles de Saint-Evremond (1613-1703). Celui-ci, officier de l’armée du Roi, brillant causeur, intrigant, écrivain, pamphlétaire et agitateur politique, amant de Ninon de Lenclos et de la Duchesse de Mazarin, se réfugia en 1661 à la cour de Charles II pour échapper au misères que Louis XIV risquait de lui faire subir. Il devint la coqueluche du Tout-Londres et le meilleur ambassadeur des vins de Champagne de l’époque.
Déjà très appréciés à la cour de Louis XIV, les vins de Champagne vont connaître un succès mondial au 18e siècle, après la complète maîtrise de l’effervescence, en particulier aux cours royales et princières, où ils concurrencent les boissons à la mode : le café, le thé, le chocolat. C’est le seul vin qu’on boit en-dehors des repas. Il séduit les femmes : « le Champagne est le seul vin qui laisse la femme belle après boire » dira la Marquise de Pompadour.

Les marchands de vin, nombreux à la fin du 18e siècle, étaient devenus les acteurs essentiels du marché. Certains d’entre eux, conscients de l’importance et de la complexité de l’élaboration d’un vin de qualité, en font leur activité principale et sont à l’origine de quelques grandes maisons actuelles. Les guerres du 18e et surtout du 19e siècle perturbent le négoce européen en désorganisant les transports et en fermant les frontières. Mais les grands négociants, précurseurs en matière de marketing, comprennent que le pillage de leurs celliers par les armées d’occupation asseoira la réputation de leur produit. Le perfectionnement des processus d’élaboration, notamment grâce aux travaux de Pasteur, permet de produire en quantités croissantes un vin de meilleure qualité, qui devient abordable à une clientèle de plus en plus large, en particulier à l’étranger, qui absorbe 80% de la production.

Au début du 20e siècle, le phylloxéra menace de détruire l’ensemble du vignoble champenois, qui ne sera pas reconstitué avant 1930. Le parasite, les deux guerres mondiales et la récession économique découragent beaucoup de vignerons qui se reconvertissent à d’autres cultures. Il faudra attendre les années 50 pour que reprenne une ascension qui se poursuit encore de nos jours.