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Les vins de l'Hérault Le Domaine de Granoupiac |
Voyage
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Marie-Claude et Claude FLAVARD
Pas de vente à Paris. Un peu à l’écart de la ville, le Domaine de Granoupiac est implanté sur les terres de l’antique villa gallo-romaine « Granopiachio ». Aujourd’hui, le site est occupé par une demeure seigneuriale qui remonte au milieu du 19e siècle, dont une partie des dépendances, un vieille bâtisse aux murs épais, a été reconvertie en cave, avec des cuves modernes et des petits foudres en chêne de Russie, et devant laquelle nous attend Claude Flavard, le maître des lieux. L’homme est grand, mince, pas du tout à l’image que je me fais d’un vigneron : avec sa tête ronde, ses cheveux courts et ses lunettes, je l’aurais plutôt pris pour un haut-fonctionnaire ou un technocrate. Il semble d’ailleurs volontiers s’intéresser à des sujets qui ont peu à voir avec le vin :
La cave. On a changé
les cuves, mais maintenant on s’aperçoit qu’elles sont trop grandes
et on va les changer pour des cuves beaucoup plus petites, de manière
à fractionner toujours plus parce qu’on fait des lots très
isolés et le pigeage ne peut
pas se faire sur des grandes quantités. On le fait sur des unités
de 30 à 50 hl, mais là, c’est vraiment trop sportif. On n’y
arrive plus, surtout en prenant de l’âge. On le fait avec des barres,
car il est impensable de descendre le vin, il y a trop de gaz carbonique.
On a plusieurs vins, un blanc,
le Chant des Cigales, qu’on fait avec grenache, rolle, roussanne,
sur lequel on a des manipulations un peu particulières, c’est-à-dire
qu’on fait une macération pelliculaire. On fait stabuler les raisins
égrappés pendant environ deux jours, ce qui présente
un risque de départ en fermentation, mais avec beaucoup de froid,
on arrive à la contrôler assez bien. Ensuite, on presse et
on le fait fermenter de façon assez traditionnelle et on fait un
bâtonnage des lies en cuve. On obtient un blanc assez rond, assez
gras.
Ensuite, on a la série des Coteaux du Languedoc rouges, avec syrah, grenache, mourvèdre, carignan. On a deux terroirs différents, les vignes autour d’ici, terrasses moyennes en galets roulés, sont dans la première cuvée, élevée en cuve, un vin plus sur le fruit, plus souple ; ensuite, on a une cuvée sur un terroir à 3 km d’ici, avec un encroûtement, un sol beaucoup moins profond : il y a en dessous une espèce de conglomérat, très dur, où les racines ne peuvent pas descendre, c’est vers Cambous. On l’appelle les Cresses, du nom du sous-sol de ce terroir, et, en plus, ce sont les plus vieilles vignes, donc favorable pour cela et on est à 30 hl/ha. Cresses signifie grès en Occitan, conglomérat de sable et de gravier soudé, pareil à du béton. Là, derrière le bois, la mairie a voulu faire une tranchée profonde pour poser une canalisation ; ils sont tombés sur une couche très dure à 2 m de profondeur. En dessous, il y a de l’eau, mais les racines n’y arrivent pas.
C’est un vin qu’on peut garder entre trois et cinq ans. Il faut noter que la macération pelliculaire a apporte une capacité à vieillir assez importante. Avant , au bout de la 3e année, il commençait à s’user, alors que maintenant, il tient bien jusqu’à 5 ans. Je pense que c’est plus la macération que le bâtonnage, qui apporte plus de rondeur. En 2000, on a eu 10 matinées sèches pendant la période de végétation, c’est-à-dire sans humidité le matin. En 2001, on a eu exactement le contraire : 10 matinées humides, tout le reste était sec. Le personnel : on a trois
personnes, et ma femme et moi. Il y a beaucoup de travail à la main,
mais on le fait, on arrive à s’en sortir.
Cresses 2001.
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On vend tout notre vin directement, soit en cubitainer, soit en bag-in-box, soit en bouteilles. La proportion des bouteilles augmente, on a marqué un temps d’arrêt parce qu’aux US on a perdu un peu de marché, moins à cause de la mauvaise humeur du moment que du contexte euro-dollar. On cherche un caviste distributeur, on n’en a pas de permanent. Ces dernières années, quand on l’a fait, on pensait rencontrer des cavistes et déléguer et puis, il se trouve que les cavistes boudent le salon des caves particulières (encore appelé salon des vignerons indépendants) parce que cela leur porte ombrage, puisqu’on fait de la vente directe. Maintenant, on attaque directement, mais c’est long à se mettre en place. |